Election : d’abord le programme ? Ou la personnalité ? Ou autre chose…

Publié le par François Champel

Choisir un candidat pour lequel voter à l’élection présidentielle constitue évidemment un acte très important, mais aussi très difficile… Chacun choisit en fonction de ses différentes motivations… mais aussi en se demandant toujours si le candidat qui, a priori, plait le plus, est bien le meilleur… On écoute alors ses discours, on observe ses comportements et l’on cherche à savoir ce qu’ils signifient vraiment…

 

La question se pose de savoir s’il existe des critères relativement objectifs de jugement. Il me semble que oui, et je voudrais en faire part à ceux qui pourraient s’y intéresser…

 

La première question qui se pose est de savoir ce qui doit primer dans le jugement à porter : est-ce le contenu du programme ? ou la personnalité du candidat ?

 

On peut d’abord observer que le programme présenté est toujours d’une bien plus grande fragilité que la personnalité de celui qui le propose : du point de vue de son auteur, le programme n’est que le fruit d’une réflexion de quelques mois (ou parfois de quelques semaines !), alors que la personnalité provient de toute la vie passée du candidat. Et surtout, le programme résulte d’une activité d’ordre intellectuel, alors que la personnalité est le fruit de toute une éducation reçue dans un certain milieu social (ouvrier, paysan, intellectuel, de la grande bourgeoisie etc.) et, dans ce milieu, par l’orientation individuelle librement choisie par chacun…

 

De plus, de bonne, ou de mauvaise foi, le candidat, une fois  arrivé – enfin ! – au pouvoir aura toute possibilité de s’en affranchir… Il aura la possibilité de le faire soit sous la nécessité imposée par les circonstances rencontrées, soit sous celle des pressions exercées par tous les nombreux groupes possibles et imaginables… soit sous la pression de la rue…

 

Conclusion évidente : choisir son candidat sur la base d’un programme séduisant témoigne d’une grande naïveté ! Malheureusement, sous l’influence des partis politiques, trop d’électeurs n’échappent pas à cette illusion…  Et, ensuite, pendant cinq ans, on voit ce que cela donne… Quitte à attendre la prochaine élection présidentielle (au cours de laquelle, si l’on n’y prend garde, on sera probablement pris au même piège…) Voilà ce que donne un comportement irréfléchi et irresponsable de trop d’électeurs, et, avec lui, les résultats obtenus par la France au cours des dernières décennies…

 

Et alors, si le programme est loin de constituer un critère raisonnable, que faire ? S’intéresser à la personnalité des candidats ? Certainement ! Mais comment ? Car les millions d’électeurs que nous sommes, nous ne pouvons pénétrer à l’intérieur de la tête et du cœur d’une dizaine de candidats ! Non mais nous pouvons voir le milieu dont ils sont issus, et, surtout, la manière dont ils agissent

 

« La manière dont ils agissent », c’est beaucoup de choses : le travail qu’ils ont fourni pour établir leur programme, la façon dont ils s’adressent aux foules venues les applaudir, les énormes bévues qu’ils ont peut-être commises, dans leurs déplacements en France - et surtout à l’étranger…-, le cas échéant la façon – courageuse, voire héroïque… - dont ils résistent à l’adversité… etc. etc.

 

A ces critères de jugement, il faudrait en ajouter plusieurs autres (que l’obligation d’une certaine brièveté de cet article ne nous permet pas de détailler ici…)  Parmi eux, il y en a un important, celui que nous avons écarté au nom de sa fragilité intrinsèque, mais auquel il faut revenir en le considérant  -désormais à titre principal… - comme un précieux signe de la personnalité considérée…

 

Il y a donc eu lieu de s’interroger sur les programmes à la lueur de ce critère : je donne ici juste quelques indications :  

 

  • Si le pays se trouve dans une situation très difficile, à laquelle on se trouve obligé de remédier par des sacrifices, un programme qui ne demanderait pas d’importants efforts à toutes les catégories de Français est a priori suspect : il révèle soit de la naïveté, soit le souci de ne pas repousser les électeurs qui ne rêvent que des lendemains faciles - même s’ils sont impossibles…
  • Si le programme donne l’impression que, grâce à son génie supposé, le candidat  va tout résoudre par lui-même, et que tout le reste suivra, on se trouve en face d’un naïf - ou d’un menteur, dont le vrai souci consiste à se faire élire à un poste prestigieux, dont il rêve jour et nuit depuis des mois et des années…
  • Si, sous la pression des interventions d’amis - ou du ralliement d’importantes personnalités  le candidat modifie son programme sur des aspects importants - ou même essentiels… - cela veut dire que l’on se trouve en présence d’un arriviste… qui préférera toujours le prestige et son confort personnel aux exigences de l’intérêt supérieur du pays… (Ici, toutefois, ne confondons pas, ne rêvons pas : nous sommes dans le domaine de la politique qui,  par définition, implique la nécessité de procéder à des conciliations entre les groupes de pensées et d’intérêt différents… Aussi, les changements que nous considérons comme irrecevables, sont uniquement ceux d’une importance significative et essentielle…  et non pas, par exemple, des modifications du genre changement de montants à affecter à tel ou tel objectif…)
  • Là encore on pourrait ajouter d’autres réflexions (que nous présenterons plus tard si nous en avons le temps…)

 

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Un autre critère fort important est celui de la moralité du candidat. On comprend qu’il présente une importance essentielle dans la présente campagne. Chacun le traitera à sa manière… mais, là comme ailleurs, il y a une façon intelligente de le faire…  et une autre qui ne l’est pas…

Cependant, en raison de de l’importance que cet aspect a pris dans l’esprit des Français au cours de la présente campagne électorale, je ne le l’aborderai pas ici. Je le traiterai seulement dans un prochain article consacré exclusivement à cette question…

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En guise de très brève conclusion :

1°) Si séduisant et d’apparence raisonnable soit-il, un programme seul, ne permet de décider d’un vote. Si, d’après les critères de jugement de la personnalité du candidat, on a de bonnes raisons de ne pas lui faire confiance, le programme qu’il propose - qu’il soit bon ou mauvais… - n’a pratiquement aucun intérêt… et, raisonnablement, ne permet pas de voter pour le candidat concerné.

2°) La seule chose qui permette raisonnablement de prendre une décision éclairée, c’est le couple programme-personnalité

Quoiqu’il en soit, en dépit de toutes les précautions prises, le choix pour le candidat à la présidence de la république constitue une question difficile…

 Je n’exposerai pas ici les commentaires que je fais à propos de chacun des critères proposés, je dis seulement avec franchise que cet exercice m’amène à considérer la candidature de François Fillon comme particulièrement sérieuse. Quant à la candidature des autres candidats - et notamment de celle du candidat actuellement le mieux placé dans les sondages, Emmanuel Macon - je préfère ne pas en faire un commentaire qui, dans le cadre de cet article, risquerait d’être, soit trop bref ,soit trop long. Mais, naturellement,  pour un candidat important, cela viendra bientôt… Mais qu’il ne s’inquiète pas des futurs propos  d’un citoyen ordinaire, inconnu et sans influence ! D’ailleurs rien ne presse, car l’application des critères définis ici permettra à chacun, comme il se doit, de se faire librement et lucidement sa propre opinion…

Publié dans Politique, Philosophie, Election

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